Qui est le père de la chirurgie plastique ?
La chirurgie esthétique ou « plastique » séduit de plus en plus, dans notre société où l’apparence est reine. En 2018, une femme sur 10 affirme avoir eu recours à au moins une opération visant à améliorer son image, et ces chiffres ne font qu’augmenter. Où le concept de « chirurgie esthétique » trouve-t-il son origine ? De quelle façon a-t-il évolué ?
Qui est le père de la chirurgie esthétique ?
On attribue à Jacques Joseph, orthopédiste berlinois né en 1865, la paternité de la chirurgie esthétique. Certes, on a déjà pu observer, précédemment dans l’Histoire, des opérations chirurgicales visant à atténuer ou faire disparaître des défauts physiques ; toutefois, c’est au XIXe siècle, avec Jacques Joseph, que la chirurgie esthétique telle qu’on la connait aujourd’hui prend son essor.
Le docteur Joseph est un paisible orthopédiste jusqu’au jour où il décide de recoller les oreilles d’un enfant. S’il le fait avec l’accord des parents de ce dernier, il n’obtient pas celui de son patron qui le sanctionne sévèrement. Il réitère toutefois, en corrigeant cette fois la courbure d’un nez et y parvient sans laisser de cicatrice. Renvoyé de la clinique où il travaille, il monte son propre établissement et des patients s’y pressent depuis toute l’Europe pour bénéficier de ses bons services. Jacques Joseph consacre alors le reste de sa vie à former des chirurgiens esthétiques et consacre un traité à la rhinoplastie.
Depuis quand la chirurgie esthétique existe-t-elle ?
Même s’il a donné le coup d’envoi de la chirurgie esthétique, en réalité, les hommes n’ont pas attendu le docteur Joseph pour essayer de réparer les dégâts de Dame Nature. On raconte que les Egyptiens pratiquaient la greffe de peau. Du côté des Grecs, le célèbre médecin Galien use de la chirurgie pour aider les femmes à s’embellir. On ne sait pas comment il procède mais il explique toutefois que seules les femmes laides ou vieillissantes ont le droit d’y recourir, pour les autres, il s’agirait d’un abus de coquetterie.
Au Moyen-Âge, dans le Roman de la rose, Jean de Meung conseille aux jeunes filles couvertes de boutons disgracieux, de se les faire « ôter à l’aiguille ». C’est la preuve qu’il existait déjà, au XIIIe siècle, une chirurgie visant à améliorer l’aspect esthétique du corps et non seulement à le soigner. Toutefois, l’Eglise catholique condamne ses pratiques qui font outrage à l’œuvre du Créateur : Dieu nous a fait comme nous sommes, il est sacrilège de vouloir modifier son travail. Au XVIe siècle, le chirurgien ambulant Gaspare Tagliacozzi fait les frais de cette morale qui condamne les transformations physiques : il est excommunié après avoir publié un traité de chirurgie plastique.
Au XVIIIe siècle, lors de la guerre franco-anglaise qui fait rage en Inde, le sultan Tipû fait couper le nez de ses prisonniers anglais avant de les relâcher. L’officier en charge des malheureux enjoint alors à son chirurgien militaire de trouver une méthode pour reconstruire leurs nez. L’histoire fait le tour de l’Europe et plusieurs éminents chirurgiens, comme le berlinois Johan Dieffenbach, s’essaient à leur tour à la chirurgie reconstructrice.
Jacques Joseph arrive donc à un moment clé, où la chirurgie dite « esthétique » n’en est qu’à ses balbutiements. Il la structure en lui donnant de la méthode et de la rigueur. C’est toutefois la première guerre mondiale qui va véritablement prouver l’importance de ce type de chirurgie.
De la première guerre mondiale aux cliniques de chirurgie esthétique
Au sortir de celle qu’on appelle « la grande guerre », des centaines de soldats rentrent complètement défigurés. Ce sont les gueules cassées. Pour essayer d’améliorer leur quotidien, les chirurgiens de l’époques tentent de nouvelles méthodes de reconstruction maxillo-faciale avec greffes de peau. Jusqu’alors uniquement réparatrice, la chirurgie esthétique commence à se démocratiser, en particulier avec la multiplication des demandes de rhinoplasties.
C’est à cette période qu’intervient Harold Gillies un médecin britannique spécialiste de la chirurgie plastique. Il développe de nouvelles méthodes pour rendre les cicatrices toujours plus discrètes et le résultat le plus naturel possible. Le docteur Suzanne Noël, première femme à pratiquer la chirurgie esthétique, propose des liftings si réussis que Sarah Bernard elle-même demande à en bénéficier dans les années 20.
La seconde guerre mondiale apporte sa pierre à l’édifice en poussant les chirurgiens à trouver des techniques pour soigner les grands brûlés et limiter leurs cicatrices.
Vers 1930, on commence à réaliser des augmentations mammaires avec des boules d’ivoire, du cartilage de bœuf, des mousses synthétiques…les implants en silicone tels qu’on les connait aujourd’hui n’apparaissent pas qu’au début des années 60 !
En 1968 la première clinique uniquement dédiée à la chirurgie plastique ouvre à Rio.
Dans les années 80, le docteur Yves-Gérard Illouz, en France, réalise la première liposuccion. Cette nouvelle technique fait fureur et les demandes explosent.
Au fil du temps, la chirurgie esthétique se perfectionne, elle obtient des résultats de plus en plus époustouflants. Jusqu’alors réservée aux femmes vieillissantes ou victime de disgrâces physiques évidentes, elle s’adresse maintenant même aux plus jeunes – hommes ou femmes -, soucieux de rendre leur image toujours plus parfaite.